Contes cruels (Cruel Tales) est un ensemble en deux volumes d’environ 150 contes et nouvelles de l’écrivain français du XIXe siècle Octave Mirbeau, rassemblé et édité par Pierre Michel et Jean-François Nivet et publié en deux volumes en 1990 par la Librairie Séguier . Le titre a été repris d’Auguste Villiers de l’Isle-Adam, dont Mirbeau était un ami et admirateur.

Contes de la chaumière, 1894
Toutes ces histoires sont parues dans les grands quotidiens de l’époque. Seul un petit nombre a été publié par l’auteur lui-même dans les Lettres de ma chaumière et Contes de ma chaumière. D’autres – beaucoup plus nombreux – ont été publiés dans divers petits livres et recueils après la mort de l’auteur par sa veuve, Alice Regnault: dans La Pipe de cidre, La Vache tachetée, Un homme sensible, Chez l’Illustre écrivain, Le Petit Gardeur de vache , et Un gentilhomme. Quelques autres, notamment traduits en allemand, espagnol et russe, ont été publiés à l’étranger.

Soucieux de profiter de toute sa production littéraire, Mirbeau a réutilisé un certain nombre d’histoires déjà parues dans la presse française en les insérant dans son roman patchwork Les Vingt et un Jours d’un neurasthénique.

La subversion de l’histoire

Octave Mirbeau, « Le Nid de frelons », La Vie populaire, 16 février 1890
Il est évident que le romancier accordait peu d’intérêt à une tâche qui, à ses yeux, servait essentiellement à mettre de la nourriture sur la table. En effet, à l’époque, la nouvelle occupait une place importante dans la presse, et avec la chronique, était un genre particulièrement favorisé par le public, permettant à la plupart des écrivains de gagner leur vie de manière plus fiable que ce n’était possible grâce à la publication de leurs livres. . Les quotidiens pourraient ainsi assurer la fidélité de leurs lecteurs en leur offrant un peu de divertissement et en leur permettant de ressentir un minimum de joie et d’émotion.

Mirbeau a vu dans l’histoire une opportunité précieuse d’élargir sa gamme littéraire, en traitant des sujets et en esquissant des personnages et des décors qu’il entendait développer plus pleinement dans les romans suivants.

Souffrance universelle

Octave Mirbeau, « Le Rebouteux », La Vie populaire, 12 mars 1891
Mirbeau a privilégié les thèmes du caractère tragique de la condition humaine, de «l’horreur d’être un homme», de la souffrance coextensive à l’existence humaine, et du sadisme, des pulsions homicides et de la «loi du meurtre» sur laquelle est fondée la société. Dans ses nouvelles, Mirbeau aborde également l’échec de la communication entre les sexes, l’existence dérisoire et larvaire de personnes déshumanisées par une société oppressive et aliénante. Avant Le Jardin des supplices, Mirbeau dresse un inventaire des preuves de l’ignominie humaine et de la souffrance universelle: «L’homme se traîne – écrit Mirbeau – haletant, de la torture à l’agonie, du néant de la vie au néant de la mort». [1 ]

Démystification
Remplies de références à l’actualité, les histoires de Mirbeau complètent ses chroniques journalistiques. Dans ces ouvrages, Mirbeau se consacre à contester la légitimité de toutes les institutions sociales et à s’attaquer à toutes les formes de mal social rencontrées à la fin de siècle: cléricalisme qui empoisonne l’âme, nationalisme qui pousse au crime, vengeance de la guerre, l’antisémitisme meurtrier, le colonialisme génocidaire, le cynisme des politiciens qui dupent leurs électeurs, le sadisme des agitateurs pro-guerre, la misère du prolétariat urbain et rural, la prostitution, l’exploitation des pauvres et leur exclusion sociale. Loin d’être simplement un dérivé inoffensif, les carburants Contes de Mirbeau constituent une véritable tentative de démystification.

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