Ce soir-là, le Cap-Rouge était paisible, mais c’était un silence effrayant : on apercevait à travers les branches une petite fumée noire mêlée
d’étincelles et qui sortait d’un tuyau placé sur une espèce de hutte sauvage à moitié creusée dans le roc et recouverte d’arbres secs et de feuillage
jauni, qui laissait échapper de l’intérieur une lueur pâle et sombre. Trois
hommes, fumant dans de longues pipes allemandes, étaient nonchalamment assis sur des bancs de mousse, autour d’une vieille et large souche
qui leur servait de table.

Tout autour de ce repaire étaient suspendus des sabres, des échelles,
des cordes, des fusils, des pistolets, des couteaux, des crampons de fer et
de gros paquets de clefs, le tout dans le meilleur ordre possible.
Nos brigands se regardaient de temps en temps sans rien dire et semblaient méditer quelque nouveau forfait.

Après une demi-heure de ce silence, celui qui paraissait avoir le plus
d’autorité se leva tout à coup et, après avoir regardé par une ouverture
pratiquée sur le côté de la cabane, regagna son siège en fredonnant une
vieille chanson de nautonier.

— Diable, Lampsac, vous chantez comme un oiseau aujourd’hui, dit
Mouflard qui venait de laisser sa pipe et paraissait assez disposé à entrer
en conversation.

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