Sur la façade, des constructions à toits plats, formant terrasse à mi-hauteur d’un premier étage, avaient sans doute été ajoutées il y a cent
cinquante ans et servaient de petits magasins borgnes. Des vases en fonte,
à l’air sale et piteux, les uns à moitié brisés, ornaient encore prétentieusement la longue terrasse.
Cette antique maison était une partie de l’ancien couvent des Guillemites. Ces moines aux blancs manteaux, sortis d’Italie pour essaimer en
France et ailleurs, quittèrent leur monastère de Montrouge pour s’installer au Marais en 1298.
Du côté de la rue des Blancs-Manteaux, les murailles d’une demeure
jadis sainte renfermaient des boutiques lépreuses, ignobles débits de vins
frelatés, infimes magasins de charbon, tenus par des femmes ébouriffées,
à l’air effronté et à la voix criarde.
Mais l’intérieur même de la maison était assez bien habité par des
commerçants, des travailleurs, des ouvriers horlogers que leurs affaires
obligeaient à demeurer dans le quartier.
Mᵐᵉ Deplémont, forcée d’agir vite et bien, car l’état de son mari s’était
subitement aggravé, avait pris pour un mois, en attendant de découvrir un
loyer moins cher, un petit appartement meublé qui, par hasard, se trouvait
à louer.
La rue des Guillemites, que traversa Gertrude pour pénétrer dans
la maison, a certainement été percée dans l’ancien jardin des moines qui
reliait à la chapelle cette partie du couvent.