Des vallons et des collines se mêlaient en courbes harmonieuses,
toutes vertes, par endroits, du vert allègre des pâturages, toutes sombres
du vert mélancolique des sapins et des mélèzes.
Au-dessous de lui, à trente ou quarante pieds, passait la route qui
monte de Saint-Élophe au Vieux-Moulin. Elle contournait les murs, puis
redescendait jusqu’à l’Étang-des-Moines, dont elle suivait la rive gauche.
Interrompue soudain, elle se continuait en un mauvais sentier que l’on
voyait au loin, dressé comme une échelle contre un rempart, et qui s’engageait dans une coupure étroite, entre deux montagnes d’aspect plus âpre,
de forme plus heurtée que les paysages ordinaires des Vosges. C’était le
col du Diable, situé à quinze cents mètres et au niveau du Vieux-Moulin.
Quelques bâtisses s’accrochaient à l’un des versants du col, la ferme
Saboureux. De la ferme Saboureux à la Butte-aux-Loups, que l’on apercevait sur la gauche, si l’on suivait une ligne dont Morestal connaissait tous
les points de repère, toutes les sinuosités invisibles, toutes les montées et
toutes les descentes, on discernait et l’on devinait la frontière.