Ce qui me confond et m’atterre, ce sont les distances. On ne peut jamais aller à un malade sans avoir à faire cinq, dix, vingt milles et même
davantage. Les gens trouvent les distances toutes naturelles.

Moi, elles
me terrifient, habitué que je suis à nos paroisses de la province de Québec, plus intenses, dont la population est groupée autour de l’église, où le
cultivateur le plus éloigné arrive en moins d’une heure.

J’ai eu une singulière aventure hier. Le téléphone m’appelait de bonne
heure dans l’après-midi pour aller voir une personne dangereusement
malade. C’était à douze milles. Je prie une voiture et partis avec le jeune
homme qui conduisait.

Je croyais qu’il connaissait bien le chemin, et lui
croyait que je le connaissais. Mais nous nous sommes vite aperçus que
nous ne le connaissions ni l’un ni l’autre.

Heureusement nous rencontrâmes quelques rares personnes qui nous donnèrent des indications assez précises pour nous permettre d’arriver sans encombre. La neige s’était
mise à tomber mollement, abondamment, à gros flocons qui semblait ne
pas vouloir cesser. Il était déjà tard quand nous noua sommes mis en route
pour revenir.

Plus de traces du chemin, que la neige recouvrait. Bientôt
nous sommes en face de plusieurs routes qui s’entrecroisent, routes de
raccourci, routes de forêt, par lesquelles les bûcherons transportent leur
bois, routes que nous ne reconnaissions pas. Le jeune cocher commence
à s’affoler.

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