Elle était Lyonnaise, fille d’un riche marchand de soie, Châtelus et
Treilhard, une des plus importantes maisons de la ville ; née aux Brotteaux, en face de ce grand Rhône, qui, si vif et si joyeux lorsqu’il entre
dans Arles ou Avignon, au carillon des cloches et des cigales, emprunte
aux brumes lyonnaises, au ciel lourd ou rayé de pluie, la couleur terne
de ses eaux, sans rien perdre de sa violence, et reflète bien cette race emportée et froide, au caractère de volonté et de mélancolique exaltation.

La
nature de Jeanne était de ce pays, développée encore par le milieu et les
circonstances.
La mère étant morte jeune, le père, tout à son commerce, avait confié
l’éducation de l’enfant à une vieille tante, d’un protestantisme étroit, exagéré, noyé de menues pratiques. Aucune distraction que les exercices du
dimanche au temple, ou, l’hiver, quand il pleuvait, –

et il pleut souvent
à Lyon, – un culte de famille dans le grand salon qu’on n’ouvrait que ce
jour-là et qui réunissait, sur ses meubles…

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