Oui, femme et enfants les partageaient ; car, lorsque la députation se
fut retirée, que le roi l’eut suivie d’un regard inquiet, la reine d’un regard
haineux, les deux époux se rapprochèrent, et Marie-Antoinette, posant sa
main blanche et froide comme du marbre sur le bras du roi :

— Ces gens-là, dit-elle en secouant la tête, ne veulent plus de souverains. Ils démolissent la monarchie pierre à pierre, et, de ces pierres, ils
nous font un tombeau !

Elle se trompait, pauvre femme ! ensevelie dans la bière des pauvres,
elle ne devait pas même avoir un tombeau.

Mais la chose sur laquelle elle ne se trompait pas, c’étaient ces atteintes de tous les jours à la prérogative royale.
M. de Malouet était président de l’Assemblée ; c’était un royaliste pursang ; cependant il se crut obligé de mettre en délibération si l’Assemblée
resterait debout ou assise, tandis que le roi prononcerait son serment.

— Assise ! assise ! cria-t-on de toutes parts.
— Et le roi ? demanda M. de Malouet.
— Debout et tête nue ! cria une voix.
L’Assemblée entière tressaillit.

Cette voix était isolée, mais nette, forte, vibrante ; elle semblait la voix
du peuple, qui ne se fait entendre solitaire que pour mieux être entendue.
Le président pâlit.

Qui avait prononcé ces paroles ? Étaient-elles parties de la salle ou des
tribunes ?

N’importe ! Elles avaient une telle puissance, que le président fut forcé
d’y répondre.

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