Je montai sur le pont pour la première faction. De Louis et de ses
tortues, mes pensées se dirigèrent vers ma petite tourterelle en cage.
Je vis alors les choses sous un aspect plus favorable à mes désirs, tout
me parut joyeux, et je me trouvai grandi au moral autant qu’au physique.

Mes pensées furent presque semblables à celles d’Alnaschar le bavard,
frère du barbier, le marchand de verres ; comme la sienne, mon imagination était étourdie. Je pris la résolution d’être d’abord un mari doux
et aimant, puis austère et bourru, puis enfin cruel et bienveillant tour à
tour.

Pendant une heure entière, je me plongeai à plaisir dans les rêveries les plus folles et les plus absurdes, sans qu’une pensée raisonnable
vînt un seul instant en obscurcir la lumière. La cloche sonna minuit, et
un autre prit ma place. Les soucis de la vie conjugale ne troublèrent pas
mon sommeil ; je suis encore étonné d’avoir dormi aussi profondément.

Je fus éveillé par le docteur, qui secouait ma jambe. Je me jetai vivement en bas du lit, car j’eus l’horrible crainte que Van ne se fût permis
d’opérer sur ma jambe pendant mon sommeil.

— Qu’est-il donc arrivé ? lui demandai-je.

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