Upton Sinclair a décrit le roman comme « l’un des demi-douzaines plus grands romans du monde », et a fait remarquer que Hugo a exposé le but des Misérables dans la préface: [6] Tant qu’il existera, en raison de la loi et de la coutume, une condamnation sociale qui, face à la civilisation, crée artificiellement des enfers sur la terre, et complique un destin divin avec la fatalité humaine;
tant que les trois problèmes de l’époque – la dégradation de l’homme par la pauvreté, la ruine des femmes par la famine et l’éclosion de l’enfance par la nuit physique et spirituelle – ne sont pas résolus; tant que, dans certaines régions, l’asphyxie sociale sera possible; en d’autres termes, et d’un point de vue encore plus étendu, tant que l’ignorance et la misère restent sur terre, des livres comme celui-ci ne peuvent être inutiles.
Vers la fin du roman, Hugo explique la structure globale de l’œuvre: [7] Le livre que le lecteur a devant lui en ce moment est, d’un bout à l’autre, dans son intégralité et ses détails … un progrès du mal au bien, de l’injustice à la justice, du mensonge à la vérité, de nuit en jour, de l’appétit à la conscience, de la corruption à la vie; de la bestialité au devoir, de l’enfer au ciel, du néant à Dieu. Le point de départ: la matière, la destination: l’âme. L’hydre au début, l’ange à la fin. Le roman contient diverses intrigues secondaires, mais le fil conducteur est l’histoire de l’ex-détenu Jean Valjean, qui devient une force du bien dans le monde mais ne peut échapper à son passé criminel.
Le roman est divisé en cinq volumes, chaque volume divisé en plusieurs livres, et subdivisé en chapitres, pour un total de 48 livres et 365 chapitres. Chaque chapitre est relativement court, généralement pas plus de quelques pages. Le roman dans son ensemble est l’un des plus longs jamais écrits [8], avec 655 478 mots en français original. Hugo a expliqué ses ambitions pour le roman à son éditeur italien:
Je ne sais pas s’il sera lu par tout le monde, mais il est destiné à tout le monde. Il s’adresse aussi bien à l’Angleterre qu’à l’Espagne, l’Italie ainsi qu’à la France, l’Allemagne ainsi que l’Irlande, les républiques qui abritent des esclaves ainsi que les empires qui ont des serfs. Les problèmes sociaux dépassent les frontières. Les blessures de l’humanité, ces énormes plaies qui jonchent le monde, ne s’arrêtent pas aux lignes bleues et rouges tracées sur les cartes. Partout où les hommes vont dans l’ignorance ou le désespoir, partout où les femmes se vendent pour du pain, là où les enfants manquent d’un livre pour apprendre ou d’un foyer chaleureux, Les Misérables frappe à la porte et dit:
« ouvrez, je suis là pour vous ». Digressions Plus d’un quart du roman – par un décompte 955 sur 2783 pages – est consacré à des essais qui soutiennent un point moral ou montrent les connaissances encyclopédiques d’Hugo mais ne font pas avancer l’intrigue, ni même une sous-intrigue, une méthode utilisée par Hugo dans ces autres œuvres comme Le Bossu de Notre-Dame et les travailleurs de la mer. Un biographe a noté que « les digressions du génie sont facilement pardonnées ».
Les sujets abordés par Hugo incluent les ordres religieux cloîtrés, la construction des égouts parisiens, l’argot et les gamins des rues de Paris. Celui sur les couvents qu’il intitule « Parenthèse » pour alerter le lecteur sur son manque de pertinence pour l’histoire. [11] Hugo consacre 19 autres chapitres (Volume II, Livre I) à un récit et à une méditation sur la place dans l’histoire de la bataille de Waterloo, le champ de bataille qu’Hugo visita en 1861 et où il finit d’écrire le roman. Il ouvre le tome 2 avec un tel changement de sujet qu’il semble le début d’une œuvre entièrement différente. Le fait que cette «digression» occupe une si grande partie du texte exige qu’elle soit lue dans le contexte de la «structure globale» évoquée ci-dessus.
Hugo tire ses propres conclusions personnelles, considérant Waterloo comme un pivot de l’histoire, mais certainement pas une victoire pour les forces de réaction. Waterloo, en interrompant la démolition des trônes européens par l’épée, n’a eu d’autre effet que de faire poursuivre l’œuvre révolutionnaire dans une autre direction. Les slashers ont fini; c’était le tour des penseurs. Le siècle que Waterloo avait l’intention d’arrêter a poursuivi sa marche. Cette sinistre victoire a été vaincue par la liberté. Un critique a appelé cela « la porte spirituelle » du roman, car sa rencontre fortuite de Thénardier et du colonel Pontmercy préfigure tant de rencontres du roman « mêlant hasard et nécessité », « confrontation d’héroïsme et de méchanceté ».
Même lorsqu’il ne se tourne pas vers d’autres sujets en dehors de son récit, Hugo interrompt parfois la simple récitation des événements, sa voix et le contrôle de l’histoire sans contrainte de temps et de séquence. Le roman s’ouvre sur une déclaration sur l’évêque de Digne en 1815 et change immédiatement: « Bien que ces détails ne concernent en rien essentiellement ce que nous avons à dire … » Ce n’est qu’après 14 chapitres qu’Hugo reprend le fil d’ouverture « , Dans les premiers jours du mois d’octobre 1815 … « , pour présenter Jean Valjean.
Victor hugo – Les misérables – Mes Ebooks (mes-ebooks.com)