Ce langage dépassait tout ce que je pouvais supporter, même de la
part d’un ange ; aussi ramassant mon courage, je saisis une salière qui
se trouvait à ma portée, et je la lançai à la tête de l’intrus. Mais il évita le
coup, ou je visai mal ; car je ne réussis qu’à démolir le verre qui protégeait

le cadran de la pendule placée sur la cheminée. Quant à l’Ange, il comprit
mon intention, et répondit à mon attaque par deux ou trois vigoureux
coups qu’il m’asséna consécutivement sur le front comme il avait déjà
fait. Ce traitement me réduisit tout de suite à la soumission, et je suis

presque honteux d’avouer que, soit douleur, soit humiliation, il me vint
quelques larmes dans les yeux.

— Mein Gott ! dit l’Ange du Bizarre, en apparence très radouci par le
spectacle de ma détresse, le boffre omme hait drès iffre ou drès avliché. Il
ne vaut bas poire zeg gomme za ; il vaut modre te l’eau tans fodre phin.

Denez, puffez-moi za ; puffez za, gomme un carzon pien zache, et ne blérez
blis maindenant, endentez-phus !

Alors, l’Ange du Bizarre remplit mon verre (qui, jusqu’au tiers seulement, contenait du porto) d’un fluide incolore qu’il répandit d’un de ses
bras. J’observai que les bouteilles qui lui servaient de bras avaient autour
du col des étiquettes, et que ces étiquettes portaient l’inscription Kirschenwasser.

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