— Amis, dit-il, au nom de l’histoire, qui trouvera dans ces archives
la condamnation des tyrans, assez de dévastation comme cela, je vous
en supplie ; démolissez la Bastille pierre à pierre, qu’il n’en reste point
trace, qu’il n’en reste point vestige, mais respectez les papiers, respectez
les registres, la lumière de l’avenir est là.
À peine la foule eut-elle entendu ces paroles, qu’elle les pesa avec sa
suprême intelligence.
— Le docteur a raison, crient cent voix ; pas de dévastations ! À l’Hôtel
de Ville tous les papiers !
Un pompier, qui était entré dans la cour avec cinq ou six de ses camarades, traînant une pompe, dirigea le tuyau de son instrument vers le
foyer qui, pareil à celui d’Alexandrie, était en train de dévorer les archives
du monde, et l’éteignit.
— Et à la requête de qui avez-vous été arrêté ? demanda Billot.
— Ah ! voilà justement ce que je cherche, et ce que je ne puis savoir ;
le nom est en blanc.
Puis, après un instant de réflexion :
— Mais je le saurai, dit-il.
Et, arrachant la feuille qui le concernait, il la plia en quatre et la mit
dans sa poche. Puis s’adressant à Billot et à Pitou :
— Amis, dit-il, sortons, nous n’avons plus rien à faire ici.
— Sortons, dit Billot ; seulement c’est chose plus facile à dire qu’à exécuter.
Florian D’ABLON –
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