Rétif, s’étant informé à un de ses voisins de la cause qui faisait agir
tous ces hommes, applaudit comme les autres au triomphe des idées économistes et réformistes, que l’incendie de ce mannequin faisait rayonner
sur la France.
Mais, au moment où il applaudissait le plus, avec des commentaires
dignes de sa philosophie, voilà qu’un grand mouvement s’opéra en face de
lui, et refoula sur le groupe dont il faisait partie, les plus acharnés brûleurs
de M. de Brienne.
C’est que l’on commençait à voir apparaître au-dessus des têtes de
la foule les chapeaux des soldats du guet à cheval, et, çà et là, quelques
crinières de chevaux qui secouaient leurs écuyers dans une course rapide.
« Le guet ! le guet ! crièrent alors des milliers de voix effrayées.
— Bah ! le guet ! » répondirent les bravaches accoutumés, depuis leur
enfance, à mépriser cette pacifique institution.
Et une partie des spectateurs demeura opiniâtrement à sa place, malgré les efforts des peureux qui voulaient fuir.
À la tête du guet marchait ou plutôt galopait son commandant, le
chevalier Dubois, militaire intrépide et patient à la fois, un des types remarquables de ces officiers de gendarmerie câlins et inébranlables comme
leurs chevaux, au milieu des tumultes parisiens.
Florian D’ABLON –
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