— Si jamais je suis assez votre ami, monsieur, pour entrer dans le mystère de cette vie… dit M. de Prémont.
Et il s’arrêta, comprenant que la moindre insistance le faisait indiscret.
— C’est probable, général, dit Salvator ; mais, en attendant, ce sont les
mystères de la vie de Brésil qu’il s’agit de sonder.
— Ce n’est pas chose commode, répondit le général ; et, quoique je
parle sept ou huit langues, je ne me charge pas de vous servir d’interprète.
— Oh ! entre Brésil et moi, il n’en est pas besoin, général, et vous allez
voir comme nous nous comprenons…
Et, tenez, vous l’avez vu insouciant,
n’est-ce pas ? remarquez comme, au fur et à mesure qu’il approche du
château, il s’anime. Ce n’est point pour la lumière qui en sort ou le bruit
que l’on y fait, n’est-ce pas ? Vous voyez, il n’y brûle pas une bougie, et
son cœur ne bat pas plus que celui d’un cadavre.
Et, en effet, en s’approchant du château, tout muet et sombre qu’était
le sourd édifice, Brésil dressait l’oreille, portait le nez au vent, et hérissait
son poil, comme s’il se préparait à un combat.
— Voyez, général, dit Salvator ; je vous promets que, si la gouvernante
est encore au château, soit à la cave, soit au grenier, nous l’y trouverons,
si bien qu’elle puisse être cachée. Entrons, général !
Florian D’ABLON –
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