Comme je tâchais, durant le court instant
de mon premier coup d’oeil, de former une analyse quelconque du sentiment général qui m’était communiqué, je sentis s’élever confusément
et paradoxalement dans mon esprit les idées de vaste intelligence, de circonspection, de lésinerie, de cupidité, de sang-froid, de méchanceté, de
soif sanguinaire, de triomphe, d’allégresse, d’excessive terreur, d’intense
et suprême désespoir. Je me sentis singulièrement éveillé, saisi, fasciné. –
Quelle étrange histoire, me dis-je à moi-même, est écrite dans cette poitrine ! – Il me vint alors un désir ardent de ne pas perdre l’homme de
vue, – d’en savoir plus long sur lui. Je mis précipitamment mon paletot,
je saisis mon chapeau et ma canne, je me jetai dans la rue, et me poussai à travers la foule dans la direction que je lui avais vu prendre ; car il
avait déjà disparu. Avec un peu de difficulté je parvins enfin à le découvrir, je m’approchai de lui et le suivis de très près, mais avec de grandes
précautions, de manière à ne pas attirer son attention.
Florian D’ABLON –
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