C’était une profonde mélancolie, une tristesse sans
phases et sans intermittences. Ses yeux étaient d’une largeur anormale
et ronds comme ceux d’un chat. Les pupilles elles-mêmes subissaient une
contraction et une dilatation proportionnelles à l’accroissement et à la diminution de la lumière, exactement comme on
l’a observé dans les races
félines. Dans les moments d’excitation, les prunelles devenaient brillantes
à un degré presque inconcevable et semblaient émettre des rayons lumineux d’un éclat non réfléchi, mais intérieur, comme fait un flambeau ou
le soleil ; toutefois, dans leur condition habituelle, elles étaient tellement
ternes, inertes et nuageuses qu’elles faisaient penser aux yeux d’un corps
enterré depuis longtemps.
Ces particularités personnelles semblaient lui causer beaucoup d’ennui, et il y faisait continuellement allusion dans un style semi-explicatif,
semi-justificatif qui, la première fois que je l’entendis, m’impressionna
très péniblement. Toutefois, je m’y accoutumai bientôt et mon déplaisir
se dissipa. Il semblait avoir l’intention d’insinuer, plutôt que d’affirmer
positivement, que physiquement il n’avait pas toujours été ce qu’il était ;
qu’une longue série d’attaques névralgiques l’avait réduit d’une condition de beauté personnelle non commune à celle que je voyais. Depuis
plusieurs années, il recevait les soins d’un médecin nommé Templeton, –
un vieux gentleman âgé de soixante-dix ans, peut-être, – qu’il avait pour
la première fois rencontré à Saratoga et des soins duquel il tira dans ce
temps, ou crut tirer, un grand secours
Florian D’ABLON –
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