Le rêve est un simple conte de l’orpheline Angélique Marie (née en 1851), adoptée par un couple de brodeurs, les Huberts, dont le mariage est gâché par une absence d’enfant qu’ils attribuent à une malédiction lancée par la mère de Mme Hubert sur son lit de mort.
Angélique est fascinée par les contes des saints et des martyrs – en particulier de sainte Agnès et de saint Georges – racontés dans la Légende dorée de Jacobus de Voragine. Son rêve est d’être sauvé par un beau prince et de vivre heureux pour toujours, de la même manière que les vierges martyrs font tester leur foi sur terre avant d’être sauvés et mariés à Jésus au ciel.
Son rêve se réalise lorsqu’elle tombe amoureuse de Félicien d’Hautecœur, le dernier d’une vieille famille de chevaliers, héros et nobles au service du Christ et de la France. Son père, l’actuel Monseigneur, s’oppose à leur mariage pour des raisons qui lui sont propres. (Avant d’entrer dans l’Église, il avait épousé par amour une femme beaucoup plus jeune que lui; quand elle mourut en donnant naissance à Félicien, il renvoya l’enfant et prit les ordres sacrés.)
Angélique tombe malade et s’en va. Gagné par sa vertu et son innocence, le Monseigneur finit par céder et les amants se marient; mais Angélique meurt sur les marches de la cathédrale en embrassant son mari pour la première fois. Sa mort, cependant, est heureuse: son innocence a libéré les Huberts et le Monseigneur de leurs malédictions.
Relation avec les autres romans de Rougon-Macquart Le plan de Zola pour les romans de Rougon-Macquart était de montrer comment l’hérédité et l’environnement fonctionnaient sur les membres d’une même famille au cours du Second Empire français. Tous les descendants d’Adelaïde Fouque (Tante Dide), l’arrière-grand-mère d’Angélique, démontrent ce que l’on appellerait aujourd’hui des comportements obsessionnels-compulsifs.
Angélique est obsédée par la vie des saints et par son rêve d’un mariage princier. De plus, Angélique a un tempérament et connaît de graves sautes d’humeur, devenant aussi passionnée que n’importe lequel de ses proches. Zola laisse fortement entendre que, sans l’éducation de ses parents adoptifs et l’influence de la cathédrale et de The Golden Legend, Angélique aurait facilement pu être la proie de ses passions et finir comme une prostituée (comme sa cousine Nana). Dans Le docteur Pascal, Zola décrit Angélique comme étant un mélange des caractéristiques de ses parents à un point tel qu’aucune trace d’eux n’apparaît chez l’enfant.
La mère d’Angélique est Sidonie Rougon, qui joue un rôle important (quoique bref) dans La curée et apparaît brièvement dans L’œuvre. (Le père d’Angélique est inconnu.) Sidonie est insensible et presque inhumaine, une femme froide et sèche incapable d’amour. C’est une proxénète professionnelle, impliquée dans tous les appels louches, vendeuse de «tout et n’importe quoi».
Dans Le docteur Pascal (tourné en 1872), il est révélé que Sidonie est devenue l’austère gestionnaire financière d’un foyer pour mères célibataires. Adaptations Le roman a été dramatisé comme un opéra du même nom en quatre actes composés par Alfred Bruneau, produit le 18 juin 1891 à l’Opéra-Comique sur un livret de Louis Gallet. Il a également été adapté en deux films français, tous deux appelés Le Rêve et tous deux réalisés par Jacques de Baroncelli: un en 1921 (un film muet) et un en 1931.
Florian D’ABLON –
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