Le protagoniste, Mattia Pascal, constate que sa jeunesse prometteuse s’est dissoute, par malheur ou par méfait, en un travail sans issue et un mariage misérable. Son héritage et la femme qu’il aimait lui sont volés par le même homme, son éventuelle épouse et belle-mère le harcèlent constamment, et ses filles jumelles, négligées par leur mère, ne peuvent lui procurer de la joie que jusqu’à ce qu’une mort prématurée le prenne.
La mort le prive même de sa mère bien-aimée. Pour s’échapper, il décide un jour de se faufiler à Monte-Carlo, où il rencontre une incroyable série de chance, acquérant une petite fortune.
En lisant un journal à son retour à la maison, il découvre, à son immense choc et plaisir, que sa femme et sa belle-mère ont déclaré qu’un cadavre inconnu était le sien. Face à cette opportunité soudaine de repartir à zéro, il erre d’abord dans l’Europe, puis s’installe finalement à Rome avec une identité assumée. Son personnage se développe de manière inattendue, voire admirable.
Pourtant, un acte admirable apporte au protagoniste une crise, suivie de crises supplémentaires qui l’amènent à conclure que poursuivre ses plans n’entraînera que de la misère pour ceux qu’il aime, précisément parce que toute sa vie, y compris la précieuse liberté qu’il croyait avoir acquise de sa passé, est maintenant un mensonge. Il décide finalement de simuler sa propre mort et de retourner à sa vie d’origine.
Mais même cela s’avère difficile; sa famille et sa ville se sont depuis longtemps adaptées à sa «mort», et son propre ajustement de caractère le pousse à avoir pitié de sa femme maintenant remariée. Le défunt Mattia Pascal, deux fois mort, se réduit donc à une figure en dehors du courant dominant de la société, un acteur de sa propre vie.
Florian D’ABLON –
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