Pendant un instant, je ne pus que le fixer sans rien dire. Pour la première fois de ma vie, je pris conscience de ce que signifiait réellement le terme « choc ». C’était une journée de janvier chaude et humide comme elles le sont à cette époque, pourtant je tremblais, glacée des pieds à la tête. Ma bouche s’entrouvrit, mais je ne trouvai rien à dire.
Je contemplai Hugo Xavier James Heaveringham, l’homme avec lequel je venais de passer dix ans de ma vie et, en surface, rien n’avait changé. Il avait toujours les mêmes cheveux châtain clair, les mêmes pommettes hautes, les mêmes magnifiques yeux bleu pâle et cette expression d’épagneul constipé qui m’avait complètement fait craquer durant notre premier cours d’histoire médiévale à l’université Saint-Andrews. Jamais auparavant je n’avais rencontré le charme aristocratique dans toute sa splendeur, et dès ce premier instant, j’avais été subjuguée. Ô stupeur, lui aussi.
Curieusement, le souvenir de cette première rencontre me traversa l’esprit. En même temps, j’essayais d’analyser ce qu’il venait de me révéler. C’était comme si je me remémorais tous les instants de notre vie en commun en me demandant simultanément ce que nous allions devenir et comment annoncer la nouvelle à Tom.
Florian D’ABLON –
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