Marguerite Donquichote, qui prit le nom de sa mère, Audoux, en 1895, devint orpheline à l’âge de trois ans, suite au décès de sa mère et à l’abandon de son père. Elle et sa sœur Madeleine ont d’abord vécu avec une tante mais ont finalement passé neuf ans à l’orphelinat de Bourges. En 1877, Andoux est mis au travail comme bergère et ouvrière agricole dans la région de Sologne. Là, elle est tombée amoureuse d’un garçon du coin, Henri Dejoulx, mais ses parents ne leur ont pas permis de se marier. Audoux s’installe à Paris en 1881.
Désespérément pauvre, elle trouve un travail occasionnel de couturière et parvient à joindre les deux bouts avec tout le travail subalterne. Elle a eu un enfant mort-né en 1883; la grossesse et le travail difficiles l’ont laissée stérile en permanence. A Paris, elle a pris la garde de sa nièce, Yvonne. C’est Yvonne qui, à seize ans, déclenche par inadvertance la carrière littéraire de sa tante: Yvonne, en se prostituant (à l’insu d’Audoux) dans le quartier parisien des Halles, rencontre un jeune homme du nom de Jules Iehl. Iehl, qui écrivait également sous le pseudonyme de Michel Yell, a été ému par la situation impossible de la jeune femme et l’a accompagnée chez elle, où il a rencontré Audoux. Iehl et Audoux resteront amoureux jusqu’en 1912.
Yell a présenté Audoux à l’intelligentsia parisienne – un groupe qui comprenait Charles-Louis Philippe, Léon-Paul Fargue, Léon Werth et Francis Jourdain. Il l’a également encouragée à écrire ses mémoires. Les mémoires sont tombés entre les mains du célèbre auteur Octave Mirbeau et se sont révélés si convaincants que Mirbeau s’est immédiatement arrangé pour les faire publier. Bien que le succès et les éloges de la critique suivirent rapidement la publication des mémoires d’Audoux en décembre 1910, son prochain livre dura dix ans.
L’Atelier de Marie-Claire, publié en 1920, ne fut qu’un modeste succès; aucun de ses romans suivants – From the Mill to the Town (1926), The Fiancee (1932), et enfin Soft Light, (1937) – n’a égalé le succès de son premier best-seller. Après sa mort en janvier 1937, la romancière est enterrée à Saint-Raphaël, non loin de l’océan qu’elle aimait. Travaux Marie-Claire, avec une préface d’Octave Mirbeau (1910). Traduction en anglais de John N.Raphael, avec une introduction d’Arnold Bennett, Londres, Chapman & Hall, 1911, et New York, Hodder & Stoughton, 1911.
Le premier roman d’Audoux est le plus autobiographique des quatre. Elle décrit son enfance et son adolescence. La première partie du roman raconte l’histoire de la mort de sa mère, du départ de son père et des neuf années qu’elle a passées à l’orphelinat du couvent Hôpital Général de Bourges. C’était une période sombre, rendue plus lumineuse cependant par la présence dirigeante de sœur Marie-Aimée.
La deuxième partie du roman se déroule à la ferme de Villevielle où les premiers employeurs de Marie-Claire, Maître Sylvain et Pauline, entourent la jeune bergère d’une tendresse généreuse. Dans la troisième partie, Marie-Claire, devenue jeune femme, tombe amoureuse d’Henri Deslois, le frère de la fermière qui a suivi Pauline. La mère du jeune homme interdit à Marie-Claire de revoir son fils. Marie-Claire retourne au couvent où elle voit sœur Marie-Aimée avant de repartir pour Paris. L’Atelier de Marie-Claire (1920), Grasset, Les Cahiers Rouges, 1987. (Atelier de Marie-Claire)
L’atelier de couture où Marie-Claire a trouvé du travail est décrit comme une grande famille. Les propriétaires, M. et Mme Dalignac et les ouvriers, contraints de travailler dans des usines alors que l’atelier de couture n’avait pas assez de travail pour eux, partagent la même dépendance vis-à-vis des clients exigeants et avares de l’atelier de couture. Et donc le roman est à la fois un portrait social qui dépeint précisément les personnages des travailleurs et une série d’anecdotes qui font avancer l’intrigue du roman. Après la mort des propriétaires de la boutique, le lecteur ne sait pas si Marie-Claire épousera Clément (le neveu de Mme Dalignac), un homme qu’elle n’aime pas. De la ville au moulin, Fasquelle, 1926. (De la ville au moulin)
En essayant de rompre une bagarre entre ses parents, Annette Beauois est blessée à la hanche et boiteuse. Elle part pour le moulin de son oncle, bientôt suivie de ses frères et sœurs que ses parents lui confient en raison de leur séparation. À vingt ans, elle accepte de vivre avec une amie de son frère, Valère, qui est alcoolique et la trompe. Elle le laisse enceinte, va à Paris pour accoucher, mais l’enfant est mort-né. A Paris, elle retrouve sa famille, puis, après la guerre, elle retrouve Valère, grièvement blessé à la guerre. Elle est prête à lui donner une seconde chance. Douce Lumière, Grasset, 1937 (posth.) (Douce Lumière) Douce (Gentle) est le surnom d’Eglantine Lumière. La mère de Douce est décédée en lui donnant naissance, ce qui a poussé son père à se suicider par désespoir, et son grand-père maternel a injustement éliminé son amertume face à l’affaire de la jeune fille.
Florian D’ABLON –
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