Ils se brûlent les doigts, se rôtissent ce qu’ils ont de plus doux en fait
de petite peau douce. Qu’importe. Ils font leur purgatoire sur terre. Avec
l’espoir de sauver et leurs âmes et la classique, bornée, imperméable, pétrifiée, notion de personne, sans laquelle, ils ne sauraient vivre.
De l’obscurantisme, est né, a vécu, continue de vivre l’idée de Dieu.
Or, Dieu, tant qu’il n’aura pas été chassé comme une bête puante de l’Univers, ne cessera de donner à désespérer de tout, et d’abord de la connaissance, la connaissance appliquée, la Révolution qui, seule, peut chasser
Dieu. Dans ces constatations, les douteurs professionnels verraient autant de têtes de dilemme. Mais qu’importe, l’hydre scolastique.
Comme
l’a écrit Lénine, ce n’est point à coups de syllogismes qu’on finira de venir
à bout de l’idéalisme. D’immenses étendues sont aujourd’hui, purifiées de
Dieu. L’U.R.S.S. vigoureusement athée, voici trois lustres, était encore la
Russie des pogromes, la Sainte-Russie orthodoxe et tsariste, digne alliée
de cette belle France, où sous le couvert d’une feinte séparation,
l’Église
et l’État, mieux que jamais sont de connivence pour organiser, à coups de
sabre et de goupillon, avec l’art militaire, civil et religieux que l’on sait,
la répression policière dans la métropole, et aux colonies, des jolis petits
massacres d’Indo-Chinois et des expéditions punitives çà et là.
Les missionnaires (se rappeler le pavillon des missions à l’Exposition
coloniale et les femmes-curés qui, dans les cases, faisaient travailler les
négresses, sous l’œil ravi des badauds) ont pour mission d’exhorter les
persécutés à continuer de se laisser persécuter.
Aussi, ministres de Dieu
sur la terre, travaillent-ils à mettre dans les esprits l’espoir d’un monde
meilleur.
Florian D’ABLON –
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