Saint-Ismier était encore à quinze ou vingt pas de cette porte qui était
si vivement éclairée, lorsque ce beau jeune homme, qui depuis une demiminute était sur le pas de la porte, en sortit vivement, criant toujours
comme un homme qui se fâche pour être admiré, et agitant follement
son épée, qu’il avait toujours à la main ; il était suivi d’un autre homme
presque aussi bien vêtu que lui. Saint-Ismier regardait ces deux hommes
lorsqu’il fut aperçu par le premier, celui qu’il avait entendu appeler le
comte. Aussitôt ce comte courut sur lui en jurant, l’épée à la main, et voulut lui en donner un grand coup au travers de
la figure. Saint-Ismier, bien
loin de s’attendre à cette attaque, méditait un compliment qu’il comptait
adresser à ce jeune homme bien mis, pour lui demander où était l’hôtel
de Miossens. Saint-Ismier, qui était fort gai, donnait déjà à son corps le
balancement d’un homme qui a fait une connaissance trop intime avec
les bons vins du pays. Il trouvait à la fois plus gai et plus sûr d’aborder
ce gentilhomme comme s’il eût été à demi ivre. Pendant qu’il riait déjà
des grâces qu’il cherchait à se donner, il fut sur le point de recevoir au
travers de la figure le fort grand coup d’épée que le comte lui destinait ;
il en sentit toute la lourdeur sur le bras droit, avec lequel il couvrit son
visage
Florian D’ABLON –
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